Le management par le stress
Le management par le stress est la mise en oeuvre d'un processus qui vise à pousser au maximum la productivité d'une entreprise en imposant à des salariés une cadence de travail telle que la santé du salariée peut être mise en péril: gestes répétitifs, absence de phases de récupération, temps de travail imposé par un ordinateur qui gère le temps de chaque tâche.
Le management par le stress est la mise en oeuvre d'un processus qui vise à pousser au maximum la productivité d'une entreprise en imposant à des salariés une cadence de travail telle que la santé du salarié peut être mise en péril: gestes répétitifs, absence de phases de récupération, temps de travail imposé par un ordinateur qui gère le temps de chaque tâche.
Un cas particulièrement explicite est la préparation de commandes dans de grandes entreprises de VPC. Dès l'embauche, le salarié est sélectionné en fonction de sa capacité à se diriger rapidement dans les rayons avec un chariot qu'il remplit en suivant les indications d'un scanner lecteur de code-barre. Il lui est proposé un travail chronométré, géré par un ordinateur, contrôlé en temps réel. Au moins une fois par jour, sa productivité est contrôlée. S'il ne réussit pas à tenir la cadence, il est éliminé. Le salarié n'a pas le droit de parler à ses collègues pour éviter un risque d'erreur ce qui se comprend. Il n'a pas non plus le droit de conserver son portable tant pour éviter le risque d'erreur que pour éviter une perte de temps ce qui se comprend aussi. Un tel travail ne comporte pas forcément de risques physiques. Un salarié parcourt 10 km par jour ce qui est bien meilleur pour la santé que d'être assis derrière un bureau.
Par contre il existe un risque psychologique. Les tâches sont répétitives, il n'y a pas de vie sociale au travail, les pauses réglementaires sont parfois prises à l'autre bout d'immenses hangars de telle sorte que la période de repos est fortement réduite. Enfin, il n'y a pas de récompense pour les meilleurs, tous les salariés sont au SMIC. Celui qui a un rendement de 75% a le même salaire que celui qui a un rendement de 110% de l'objectif. Il semblerait souhaitable dans une telle organisation d'ajouter au salaire fixe une prime de rendement et de qualité pour les meilleurs.
Le management par le stress est un véritable processus de management mis en ouvre dans de grandes entreprises affrontées à une concurrence forte et subite. Souvent ces grandes entreprises fonctionnaient auparavant dans un monopole avec des salariés qui travaillaient dans une absence totale de stress et avec une productivité faible. Il peut s'agir d'une entreprise nationalisée en situation de monopole qui se trouve subitement dans la concurrence ou d'une grande entreprise qui a fonctionné sur un brevet qui tombe dans le domaine public. Une telle entreprise doit se réorganiser dans l'urgence et transformer des personnels administratifs en commerciaux pour limiter la baisse de la part du marché qui était de 100% et qui va forcément baisser fortement. Quand on a été titulaire d'un emploi administratif pendant 30 ans, on ne devient pas commercial en huit jours. C'est totalement impossible. Le stress que subit alors le salarié est maximum. Il se sent brutalement incompétent et peut éprouver une peur panique face à sa nouvelle mission qui le dépasse. Les consultants expliquent qu'il faut faire mourir l'ancienne personnalité pour en créer une nouvelle. Certains individus réussissent cette transformation, mais ils sont minoritaires. L'examen de leur écriture montre qu'ils avaient depuis toujours la fibre commerciale et qu'ils avaient été mal orientés. Leur nouvelle fonction est alors une révélation et ils vont s'épanouir. La grande majorité qui avait le profil pour un poste technique ou administrative tente de s'adapter y parvient dans la souffrance ou quitte l'entreprise par démission. Les plus fragiles sombrent dans la dépression sont mis en inaptitude à tout poste par le médecin du travail ou se suicident s'ils n'ont personne pour écouter leur détresse. On note que le rôle du médecin du travail trouve ici sa justification. Cela dit, dans ces cas, il est salarié de l'entreprise ce qui n’est pas l’idéal. Mettre en cause les dirigeants de ces sociétés en mutation, les stigmatiser devant l'opinion publique est un peu facile. Avaient-ils un autre choix? Une entreprise qui perd son monopole ou son brevet qui ne se restructure pas en éliminant les salariés inadaptés au marché devient très vite déficitaire et ferme ses portes avec des dizaines voire des centaines de milliers d’emplois perdus au profit de la concurrence souvent étrangère. La véritable responsabilité incombe aux dirigeants ou aux hommes politiques qui ne pouvaient ignorer la mutation à venir. Chacun sait qu'un brevet ne dure que 20 ans et la privatisation des services publics était prévue de longue date. On pouvait donc préparer une transition en douceur en adaptant les critères de recrutement du personnel en fonction des besoins futurs et en mettant en oeuvre des formations à long terme pour ceux qui pouvaient et désirer évoluer de l'administratif au commercial.