L'espionnage industriel est relativement facile à mener.  Il existe aussi des ruses parfois sophistiquées pour éliminer un concurrent. Les adeptes de la concurrence déloyale sont plus créatifs pour copier que pour inventer...

-Les faux stagiaires

L'entreprise Dupont  reçoit une demande de stage d'un jeune étudiant d'une grande école réputée. Il est rapidement mis en confiancepar cet étudiant très compétent qui lui donne plein d'idées pour le nouveau produit qui va sortir. En retour, il donne accès à des informations confidentielles. Il ne prend aucun risque, il a fait signer une clause de confidentialité dans la convention de stage. L'étudiant finit son stage et quelques mois plus tard, l'industriel constate qu'un produit clone du sien sur le marché. Pire, des brevets ont été déposés qui lui interdisent de commercialiser son produit. Après enquête, il apprend que l'étudiant était inconnu dans l'école et que la convention de stage est un faux. L'adresse donnée par l'étudiant est fausse. Il n'a aucun recours.

-La fausse étudiante qui réalise une thèse imaginaire

Une étudiante en faculté de chirurgie dentaire contacte une entreprise qui a mis au point un procédé de dépôt d'un produit antibactérien sur des prothèses et a obtenu un marquage CE. L'étudiante explique qu'elle réalise une thèse pour un Professeur parfaitement connu du chef d'entreprise. Dans la même journée, le chef d'entreprise reçoit un appel d'un de ses clients qui confirme avoir été en rapport avec l'étudiante qui réalise cette thèse. Disposer d'une thèse pour un nouveau produit est une aubaine pour un fabricant. C'est de la publicité gratuite et l'assurance d'un lancement réussi à moindre frais. Le chef d'entreprise est aux anges et livre à l'étudiante tous les secrets de fabrication et de marquage CE en l'occurrence difficile à obtenir pour ce type de produit. Quelque temps plus tard, un produit concurrent sort avant même le sien, en tout point identique. Le chef d'entreprise appelle le professeur qui lui dit ne pas connaître l'étudiante, son client lui dit que l'étudiante l'avait appelé mais qu'il ne la connaissait pas. Il n'a ni téléphone, ni adresse seulement un e mail qui n'est plus actif. Quelque temps plus tard, il apprendra que la fausse étudiante n'était autre que la fille de son concurrent.

-L'ancien salarié indélicat

Il est extrêmement facile à un ancien salarié de démolir l'image de marque d'une société par le biais d'Internet ou en donnant des argumentaires aux concurrents qui les utiliseront par le biais de leurs commerciaux. Les anciens salariés peuvent aussi agir directement en saisissant les clients de la société. Dans certains cas, les arguments sont vrais, dans d'autres ils sont mensongers.

-Le gros client

Le laboratoire Duran a mis au point un procédé de traitement de finition d'un produit. Le directeur commercial de la société qui fabrique le produit le contacte pour lui proposer d'intégrer le procédé dans la proposition faite à ses clients. Il a besoin de connaître l'intégralité du processus pour obtenir le marquage CE. Le responsable du laboratoire Duran livre tous ses secrets en réalisant les modes opératoires devant le directeur commercial qui note chaque étape pour la conformité aux normes. Quelque temps plus tard le laboratoire Duran apprend que le fabricant à intégré son procédé dans sa fabrication.

-Le fournisseur qui veut développer ses marchés.

L'entreprise Dulac  a mis au point une machine de polissage avec son fournisseur pour une application spécifique. C'est un succès. Le fournisseur visite l'entreprise, contrôle les machines et lui demande s'il a beaucoup de concurrents sur son marché. Le chef d'entreprise énumère les concurrents au nombre de trois dans le monde. Il précise que les concurrents perdent des parts de marché parce qu'ils ne disposent pas de la machine. Trois mois plus tard, le chef d'entreprise constate que la publicité des concurrents informe qu'ils sont équipés de la fameuse machine de polissage. Un fournisseur n'a qu'une idée en tête, vendre.

-Le journaliste d'investigation

Il existe plusieurs émissions d'investigation sur les produits fabriqués ou les services. Le procédé est toujours le même. Le journaliste d'investigation contacte une entreprise en lui proposant de réaliser une émission sur son activité. Le chef d'entreprise est séduit  parce qu'il va disposer d'une publicité à une heure de grande écoute. Une émission peut durer 45 mn alors même que 30 secondes de publicité coûtent des centaines de milliers d'euros. Les journalistes présentent les bons cotés des produits et des services puis, pour faire grimper l'audimat, la faille qui prouve que le produit ou le service ne vaut rien voire est dangereux pour le consommateur.

C'est ainsi que la chaîne de restaurants "Chez Margot" fondé sur la préparation sous vide a déposé son bilan alors qu'elle était en pleine croissance. Les journalistes ont montré le cadre champêtre et le coté naturel des produits revendiqués par le restaurant puis, ils ont informé les clients qui déjeunaient qu'ils mangeait des produits sous vide réchauffés. La plupart des restaurants d'entreprise fonctionnent avec du sous-vide et même des chefs étoilés pour certains éléments du plat. Le sous-vide est hygiénique, conserve les saveurs et va très bien aux plats cuisinés... Il y avait une grande injustice à stigmatiser ce type de restaurants...

Les journalistes d'investigation sont à la recherche d'idées. De là à leur proposer un sujet sulfureux sur un concurrent, il n'y a qu'un pas. Il suffit de leur faire parvenir par un faux client mécontent un dossier sur l'entreprise et l'affaire est partie.

Les journalistes d'investigation de télévision manquent d'idée, ils piochent leurs sujets dans la presse écrite. C'est ainsi que l'émission M6 Capital reprend des sujets totalement copiés sur des articles du journal Capital, des revues de consommateurs qui dénoncent des secteurs d'activités. Après avoir dénigré ses propres clients, des entreprises qui finançaient la chaîne avec de la publicité, et avoir  perdu des annonceurs,  M6 s'est spécialisée dans le dénigrement des professions libérales: notaires, huissiers, chirurgiens dentistes, artisans plombiers, serruriers...

Conclusion: sur le plan de la sécurité, les PME sont des passoires et leurs secrets de fabrication bien faciles à obtenir. Les contrôles en matière d'admission des stagiaires doivent êtres renforcés. Les fournisseurs ne doivent pas avoir accès aux applications dans la mesure du possible ou signer des accords d'exclusivité avant d'obtenir des informations de l'entreprise. Les  entreprises de toute taille sont à la merci d'une émission tendancieuse de certains journalistes d'investigation qui doivent faire de l'audience. Elles n'ont pas les moyens de se défendre.

L'entreprise doit donc être extrêmement prudente en matière de secret de l'information. Elle doit réaliser à minima des vérifications sur toutes les personnes qui ont accès à des informations importantes. Si elle est contactée par des journalistes d'investigation, elle doit adopter une stratégie de protection. Surtout, elle ne doit pas livrer ses secrets de fabrication à la concurrence en ouvrant les portes de ses ateliers et de ses centres d'études. Il en va de sa survie.